Plan d’action 2021

La journée du 28 janvier 2021

A l’initiative de la DREAL-Occitanie, une journée d’échanges a été organisée avec les acteurs d’Occitanie impactés peu ou prou par l’invasion du crabe bleu. Cette journée, animée par une équipe-projet constituée des organismes suivants : Pôle relais-lagune /CEN-Occitanie, Cepralmar (Centre d’Étude pour la Promotion des Activités Lagunaires et Maritimes), CRPMEM – Occitanie (Comité régional des Pêches maritimes et des élevages marins), Observatoire Océanologique de Banyuls, MNHN-OFB et Dreal-Direction de l’Écologie) a été l’occasion de faire se rencontrer une 50aine de personnes travaillant dans des corps de métier différents et des départements différents.

Le plan d’action version 2020 a été présenté par la DREAL Occitanie. Ce plan, composé de 4 axes et 12 objectifs (pas tous déclinés en 2020), est destiné à donner un cadre aux échanges entre les différents acteurs. C’est un outil pour encourager les mutualisations, établir des priorités et ajuster les financements.

  • L’axe I pose la question de la répartition actuelle de l’espèce et des moyens à déployer pour que la prévention soit efficace.
  • l’axe II vise à s’interroger sur les meilleurs moyens de prélèvement de l’espèce et sur sa stratégie de gestion ;
  • L’axe III vise à mieux connaître l’espèce en s’appuyant notamment sur son alimentation et sa reproduction et à s’interroger sur l’efficacité de ces prélèvements ;
  • l’axe IV et l’axe V visent à structurer les réseaux de connaissance et d’action afin de pouvoir agir rapidement

Les conclusions et recommandations

- Concernant la répartition de l’espèce, le crabe bleu étant signalé a priori dans toutes les lagunes d’Occitanie, il semble que la prévention doive faire place à la gestion des populations au moins dans la partie sud de la façade occitane où les densités sont très élevées. Un travail de cartographie plus fine, partagée et évolutive est à mettre en place. Une organisation en groupes référents par lagunes est suggérée. Il est recommandé de maintenir le réseau-sentinelle afin que la réactivité soit importante, et de démultiplier les initiatives de capitalisation et mutualisation des données. En outre, une étude au moyen de l’ADN environnemental (EPHE) pourra bientôt identifier les secteurs ou les saisons où l’absence de l’espèce est réelle.

- Concernant les meilleurs moyens de prélèvement de l’espèce et l’efficacité de ces prélèvements, les engins de type nasses ou casiers pourront servir en cas d’augmentation des populations ou de pêche en zones à fortes densités. Néanmoins, ils ne sont pas performants dans les zones peu denses telles qu’il en existe encore beaucoup en Occitanie, et leur usage n’est donc pas recommandé dans la partie nord de l’Occitanie. La démarche de prélèvement est une piste pour limiter les populations, mais il faut un accompagnement scientifique pour vérifier que ces prélèvements correspondent bien à une baisse des impacts sur le milieu naturel, et qu’elle suscite bien des bénéfices pour l’écosystème. Il est recommandé de mettre en place en parallèle des protocoles de suivi de gestion sous 2 formes : 1) il est souhaitable que les succès de capture soient associés avec des données représentatives de la densité des populations, 2) des suivis de biodiversité devraient aussi être mis en place pour vérifier que les impacts sont bien atténués par ces mesures de gestion.
La filière de valorisation qui s’organise doit naviguer entre la valorisation du produit et la sensibilisation aux espèces invasives. Il est recommandé que la capture et la valorisation permettent un écoulement des crabes pêchés tout en évitant la spécialisation des pêcheurs concernés, la pérennisation de la pêche et en s’assurant d’une certaine traçabilité pour les circuits courts. Parmi les risques, il y a l’intégration de l’espèce dans la culture locale. Il est recommandé d’éviter une communication qui orienterait l’intégration du crabe bleu dans la culture locale occitane.

- Concernant la connaissance de l’espèce, la reproduction est effective en Occitanie. Tous les stades du cycle de vie ont pu y être observés. Les accouplements pourraient s’effectuer dans les lagunes au printemps et en été, alors que les pontes seraient effectuées en mer à la fin de l’été. Le stade larvaire se déroulerait en mer et les juvéniles reviendraient dans les lagunes pour y grossir. Ces déplacements pourraient être fortement influencés par les températures (gradient de pêche positif vers les températures chaudes) et la salinité. La stratégie de capture devra tenir compte de ces informations et intégrer les flux d’individus dans les graus, qui sont de véritables goulots d’étranglement, et les périodes auxquelles les œufs sont matures.

- Concernant la structuration des réseaux de connaissance et d’action, il est recommandé de travailler à 2 ou 3 échelles imbriquées pour accompagner la mobilisation collective. Mutualiser par proximité lagunaire sera un premier niveau à mettre en place. Regrouper ensuite à l’échelle régionale ou à l’échelle de gestion. Il est recommandé que des tableaux de données soient ainsi partagés et mis en lien avec les bases de données, et que des actions soient décidées collectivement en fonction de ces données. La bancarisation doit non seulement capitaliser et centraliser les données mais aussi les rendre disponibles. Il est ainsi recommandé de diminuer le temps entre la prise de données et leur publication. Pour cela, les données devraient intégrer le circuit du SINP en respectant le format de celui-ci. Les sources de données pourraient inclure les données de science participative, les données de pêche de loisir et plaisance (expérience positive en Italie), les déclarations de captures des pêcheurs professionnels et les données de la filière conchylicole. Un travail conséquent d’animation est à prévoir.

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