Prévention des attaques aux troupeaux

Mise en œuvre des mesures de prévention contre la prédation des troupeaux

La mise en œuvre progressive dans les estives de dispositifs de prévention contre les prédations participe indubitablement à la protection des troupeaux. Elle passe notamment par l’augmentation de la présence humaine dans les estives, par l’amélioration du gardiennage des troupeaux associant chiens de protection, clôtures et amélioration des conditions de vie des bergers.

De 2007 à 2017, le nombre moyen annuel de dossiers « Ours non écarté » sur le massif des Pyrénées françaises est de 122 dossiers. Depuis 2018, les dernières années sont marquées par une augmentation significative des dommages pour les dossiers « Ours non écarté » mais dont la tendance semble s’inverser depuis 2 ans.

Depuis 2016, les mesures 7.6.1 et 7.6.A du Programme de Développement Rural des deux régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine permettent une aide à l’adaptation de la conduite pastorale des troupeaux soumis au risque de prédation par les grands prédateurs. L’objectif de la mesure est de préserver dans les zones de présence des prédateurs une activité agropastorale et agricole essentielle pour l’équilibre de ces territoires ruraux. Elle permet de financer des mesures de protection des troupeaux et des actions de sensibilisation, de formation et de communication pour faciliter la cohabitation.

C’est dans ce cadre que les conseils régionaux et services de l’État, grâce aux Fonds Européen Agricole pour le développement Rural, inscrivent les actions nécessaires de prévention qui favorisent la bonne conduite des troupeaux et des investissements sur les équipements en adéquation avec les contraintes du milieu :

  • temps de gardiennage supplémentaire lié au risque de prédation,
  • achat, entretien de chiens de protection des troupeaux et appui à leur bonne utilisation,
  • achat et pose de parcs de pâturage de protection renforcée électrifiés,
  • achat de clôtures mobiles de protection electrifiables et systèmes d’électrification,
  • analyses de vulnérabilité des estives,
  • réalisation d’études permettant de mieux caractériser le risque de prédation des systèmes d’exploitations, d’identifier et d’améliorer les dispositifs de protection, etc.,
  • actions d’animation sur les territoires qui font face au risque de prédation : communication destinée au grand public ou aux exploitants pour faire comprendre les contraintes liées à la présence des prédateurs (clôtures électriques, chiens de protection…).

En parallèle, un protocole a été élaboré en 2020 suite à des prédations récurrentes par l’Ours brun sur certaines estives des Pyrénées, malgré les mesures de protection mises en œuvre. Pour répondre de manière adaptée aux situations particulières de ces estives, le protocole “Foyer de prédations” a été mis en place pour la première fois lors de la saison d’estive 2021. Une quinzaine d’estives répondaient aux critères de définition d’un foyer de prédation et ont bénéficié de la mise en place des mesures prévues dans le protocole : renforcement de la présence humaine (bergers), mise en place d’abris supplémentaires sur les estives et de téléphones satellites, développement de diagnostics co-construits et réunions d’échanges et de mobilisation des mesures d’effarouchement.

Appui aux éleveurs pour les mesures liées à la prédation

Le Ministère de la Transition Écologique finance l’indemnisation des dommages d’ours. La DREAL Occitanie finance, avec l’appui des DDT(M)s, l’achat de matériel et la maintenance de clôtures électriques sur ruchers. Elle finance également l’association de la Pastorale Pyrénéenne pour :
l’appui technique des éleveurs et bergers pour la mise en place des chiens de protection (techniciens chien de protection) ;
l’appui à la gestion des troupeaux confrontés à des attaques répétées ou importantes d’ours (réseau de bergers d’appui).

Un appui technique est apporté par les cinq techniciens du pôle « Chiens de protection » de la Pastorale Pyrénéenne sur l’ensemble du massif pyrénéen. Il permet de former les maîtres pour une éducation adaptée de leurs chiens. Il repose sur :

  • la recherche de chiots adaptés à la fonction de protection des troupeaux via un réseau d’éleveurs reconnus ;
  • la formation individuelle des éleveurs – basée sur la connaissance du contexte de l’exploitation et des difficultés potentielles – en aidant à la mise en place du chiot puis par des visites régulières ;
  • la formation collective au sein de structures de formation agricole (lycées agricoles, centres de formation professionnelle et de promotion agricole…) sur l’utilisation et le placement des chiens de protection.

Le nombre de chiens suivis par les techniciens de la Pastorale Pyrénéenne connaît une augmentation significative : ce sont ainsi 806 chiens qui ont été suivis en 2021, contre 605 au lancement du plan en 2018. De plus, le nombre de chiots entrés dans le suivi est un bon indicateur de la dynamique d’équipement en chien de protection sur le massif : 115 chiots suivis (dont 80 placés par l’équipe) en 2021 contre 50 (dont 44 placés ) en 2018. Cet appui permet en outre d’apporter des réponses aux éleveurs et aux bergers concernant la sécurité des promeneurs en estive, leur responsabilité à cet égard, ainsi que la bonne intégration des chiens de protection au troupeau.

Un appui technique général est également apporté par le réseau de bergers d’appui (RBA), géré par la Pastorale Pyrénéenne. Ils interviennent pour aider gratuitement les gestionnaires d’estives confrontés à la présence de l’ours et les appuyer dans la mise en place de systèmes de protection. Les missions sur le terrain se répartissent en deux grands types :

  • 50 % d’appui technique (aide au regroupement du troupeau, recherche de lots, aide au montage de parcs de nuit),
  • 45 % de surveillance accrue après un épisode de prédation : aide au regroupement et surveillance de nuit du troupeau,
  • 5 % pour des interventions autres.

Une grande majorité des interventions se déroule dans les Pyrénées centrales et notamment sur le département de l’Ariège (près de 75 %).

Le constat étant que les bergers d’appui ne peuvent satisfaire toutes les demandes, cette équipe a été renforcée : six bergers d’appui et un coordinateur employés au lancement du plan en 2018 contre huit bergers d’appuis et deux coordinateurs en 2021.

Lors de certaines interventions en urgence, le fait que l’association ait deux pôles complémentaires (RBA et Chiens de protection) a permis des actions concertées entre bergers d’appui, techniciens chiens de protection et éleveurs pour renforcer la protection des troupeaux (notamment par le prêt de chiens de protection).

En parallèle des actions menées par la Pastorale Pyrénéenne, une expérimentation est également en place depuis 2019 sur les estives de la Vallée de la Barousse. Les troupeaux de cette dernière faisant l’objet d’un important niveau de prédation malgré la mise en place de plusieurs mesures de protection, il a été décidé de conduire à titre expérimental un dispositif de renforcement de la présence humaine avec l’appui de deux bergers d’appui employés par la Commission Syndicale de la vallée de la Barousse.

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