Pourquoi une politique en faveur des poissons migrateurs ?

Les enjeux de la restauration des poissons migrateurs dans le bassin de la Garonne

La restauration des espèces piscicoles migratrices a été engagée dans le bassin Adour-Garonne sur le bassin de l’Adour avec le lancement en 1976 du Plan national saumon et sur le bassin de la Garonne au début des années 1980. Plusieurs raisons justifient encore aujourd’hui que des programmes de préservation et de restauration soient maintenus et développés sur ces espèces :

• Le bassin de la Garonne (et de la Dordogne, avec leur estuaire commun, la Gironde) est le dernier bassin fréquenté par la totalité des espèces de poissons migrateurs d’Europe de l’Ouest
• La pêche des espèces migratrices y représente une forte tradition culturelle et une valeur socio-économique non négligeable (pêche commerciale, amateur et aux lignes)
• Le bassin Garonne Dordogne accueillait (jusqu’au milieu des années 2000) la population de grande alose la plus importante d’Europe
• Le système fluvio-estuarien Gironde-Garonne-Dordogne est le dernier lieu continental connu de fréquentation de l’esturgeon européen, espèce aujourd’hui gravement menacée d’extinction (UICN)
• Toutes les autres espèces sont répertoriées parmi les espèces vulnérables du livre rouge national des espèces menacées : le niveau des captures de civelles s’est effondré depuis les années 80 (contexte européen) et la population de grande alose du bassin Garonne Dordogne après plusieurs années de tassement progressif de ses effectifs a fortement chuté depuis 2006. Le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) alerte sur la vulnérabilité des stocks sauvages de saumon atlantique.

L’objectif de préserver et de restaurer les populations de poissons migrateurs ne se limite cependant pas à la préservation d’un patrimoine naturel et des activités socio-économiques qui lui sont associées.

Les espèces migratrices parcourent de grandes distances et des milieux différents et constituent des indicateurs pertinents et intégrateurs de la qualité (intégrité et fonctionnalité) des milieux qu’ils fréquentent :

• La présence de poissons migrateurs et le suivi de ces populations contribue à maintenir une vigilance sur l’état et la fonctionnalité des milieux aquatiques : ils participent à la veille écologique ;

• Une espèce hautement symbolique et avec un cycle biologique relativement court, comme le saumon atlantique, joue le rôle d’espèce parapluie à l’échelle du bassin (compte tenu de son aire de répartition en milieu continental - de l’estuaire aux sources). En préservant ses habitats et la continuité écologique et en travaillant à son maintien et au développement de sa population, on préserve des habitats de qualité, nécessaires à bien d’autres espèces moins emblématiques mais tout aussi importantes écologiquement (enjeu de biodiversité « commune)

• La restauration des poissons migrateurs est un dossier « carrefour qui concentre et cristallise les grandes questions en matière de gestion des hydrosystèmes (transport solide, équilibre morpho-dynamique des cours d’eau, gestion des débits, qualité des eaux, continuité écologique, évolution climatique…).